Affaire Vital Kamerhe : Que deviendra la coalition CACH après cette épopée judiciaire ?



Après l’ouverture du procès Vital Kamerhe, Directeur du Cabinet du Chef de l’Etat, ce lundi 11 mai 2020 à Kinshasa, une série d’interrogations fusent de partout pour savoir : ce que deviendra le Cap pour le changement, CACH, coalition où se retrouve l’UDPS, parti du Président de la République, et l’UNC, formation politique du prévenu Kamerhe.

Cette question était déjà posée quand le tout puissant Dircab du Chef de l’Etat était coffré à la prison centrale de Makala, le 08 avril dernier après son interpellation par le Parquet Général de Kinshasa – Matete.

La Coalition Cach va-t-elle survivre à ce procès ? Difficile de répondre d’emblée par un oui ou par un non à cette interrogation. Au regard des enjeux politiques non encore décortiqués.

En analysant froidement les faits, les observateurs les plus avertis sont d’avis que l’arrestation ou plutôt l’interpellation du Dircab du Chef de l’Etat est un élément qui pèse dans la balance sur l’éventuelle fragilisation du regroupement politique Cach.

Maintenant, la question que l’on est en droit de se poser, est celle de savoir si les acteurs de ces deux partis politiques ont vraiment intérêt à voir cette alliance voler en éclats ?

La Coalition Cach a trop d'intêrets politiques en commun 

Nombreux pensent que ce n’est pas dans leur intérêt au regard des dividendes politiques très précieuses en présence et à venir.

En effet, l’UNC à ce jour, occupe des postes stratégiques au sein du gouvernement Ilunkamba où il aligne un vice-Premier Ministre, des ministres d’Etat, des ministres et vice-ministres. Ce qui n’est pas rien. Les analystes politiques ne voient pas ce parti sacrifier, tous ces acquis à cause de l’emprisonnement du président du parti.

Kamerhe n’est qu’un individu bien qu’il en soit le fondateur. Son absence ne saurait arrêter la marche du parti qui a besoin de garder ses ministres au gouvernement pour sauvegarder sa taille et sa dimension sur l’échiquier national. Après tout, les membres de ce parti se sont battus des années durant pour conquérir le pouvoir qu’ils ont sous le bras aujourd’hui.

D’autres avantages sont aussi en vue qu’il faille glaner dans les jours et semaines à venir. Il s’agit du partage des entreprises du portefeuille de l’Etat. Que l’UNC ne saurait bénéficier qu’à travers la coalition Cach.

Les politiques les plus avisés, ne voient pas le parti de Vital, cracher sur cette manne.

C’est la première raison qui fera que la coalition Cach ne puisse exploser.

La deuxième raison plausible est qu’au sein de l’UNC, à part Vital Kamerhe, il n’y a pas véritablement un autre leader qui peut, avec le même charisme, piloter le parti et arriver par exemple à influencer tous ses cadres à quitter la barque Cach ou lever une autre option pour une autre orientation du parti. Il n’en existe pas encore du moins jusqu’à ce jour.

Troisièmement, Kamerhe a été interpellé par le parquet. C’est un problème de justice. Il n’est pas encore inculpé. Il doit simplement justifier l’utilisation des fonds publics décaissés pour les travaux de 100 jours du Chef de l’Etat dont il gérait. Il est encore présumé innocent. S’il se défendait bien, il peut être acquitté. Pourvu que la justice fasse correctement son travail. Et pour ceux qui ne le savent pas, Kamerhe compte parmi les acteurs politiques congolais qui ont lutté pour l’avènement d’un Etat de droit au Congo Kinshasa. Aujourd’hui, le pays s’y installe petit à petit. Et c’est le peuple qui gagne.

Les gens ne devaient donc pas rougir à l’interpellation du Dircab du Chef de l’Etat malgré l’alliance politique conclue avec l’UDPS et l’UNC au Kenya.

Ensuite, ce qui devrait apaiser les bonnes consciences, c’est que l’UNC n’est pas le premier parti à connaitre l’arrestation de son président. Le MLC a connu la même chose. Jean – Pierre Bemba, son président a passé 10 (dix) ans de détention à la CPI aux Pays – Bas pour des faits qu’il n’avait même pas commis. Cela n’a pas empêché son parti à fonctionner durant son absence. Mais pour Kamerhe, il est directement acteur des faits lui reprochés.

Voilà qui fait dire à des esprits avertis que l’UNC va ou pourra demeurer dans le Cach malgré l’emprisonnement de son président national.

Dans l’entre temps, que devient l’accord de Nairobi ?

Mais dans l’entre temps, que devient l’Accord de Nairobi que Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe avaient conclu et qui prévoyait l’alternance après 2023 ?

C’est ici où les romains s’empoignent. Beaucoup de membres de l’UNC voient en l’interpellation de Kamerhe par la justice, une façon pour le président Fatshi, de l’écarter de la course à l’élection présidentielle de 2023.

Nous ne disons pas qu’ils ont tort, mais est-ce que le moment est bien choisi pour en parler alors que l’issue du procès n’est pas encore connue ? Il se peut qu’il soit lavé et acquitté. C’est une possibilité à ne pas exclure. Mais nous savons aussi que la politique est un jeu d’intérêts. Et on ne se fait pas non plus des cadeaux en politique. Si Kamerhe est condamné, son casier judiciaire sera noir et ne pourra plus prétendre à des ambitions politiques. A ce moment-là, c’est clair que Fatshi restera le seul maître à bord.

Il n’y a pas une autre alternative sauf si les deux partis concluaient d’autres arrangements qui ne défavorisent pas l’une des parties ?

Jean-Pierre Seke/CP
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