"Vital Kamerhe n’est pas en prison parce qu’il a volé, je connais tout le plan et je pèse mes mots", avait-il déclaré, provoquant de nombreuses réactions dans le pays.
En outre, en dépit de la gravité des faits qui sont reprochés à l’ancien directeur de cabinet présidentiel, plusieurs observateurs estiment que sa libération obéit à la même logique que celle qui l’a conduit en prison. C’est "la politique" qui l’aurait envoyé à la prison centrale de Makala, c’est la même politique qui se serait opposée à toutes ses demandes de libération provisoire ces derniers mois et ce serait finalement elle qui l’a fait libérer.
Incontournable
Même si pour l’heure, Vital Kamerhe est assujetti à certaines mesures restrictives, tout porte à croire que l’échiquier politique congolais devra tout de même compter avec lui dans les semaines et mois à venir. L’UNC reste un parti politique assez influent dans la partie orientale, et Kamerhe reste, jusqu’à preuve du contraire, l’allié de Félix Tshisekedi au sein de CACH, aujourd’hui englouti au sein de l’"Union sacrée", la méga plateforme mise en place par le numéro un congolais au lendemain de sa rupture avec le FCC.
Cette sortie de Félix Tshisekedi avait fait mouche. Aux yeux des observateurs congolais, elle n’avait fait que confirmer le caractère politique de ce qu’il convient d’appeler "l’affaire Kamerhe". Selon des sources de Sputnik, le chef de l’État congolais est resté en contact avec son ancien directeur de cabinet malgré son incarcération…
En fait, l’UDPS est divisée sur le cas Kamerhe. Si Félix Tshisekedi semble bien disposé à l’égard de son ancien directeur de cabinet, cela ne semble pas être le cas pour les durs de son parti qui voient en Vital Kamerhe un potentiel rival de leur chef. Rappelons que dans le "deal" conclu entre l’UDPS et l’UNC à Nairobi, au Kenya, à la veille des élections de 2018 -accord dont les termes sont de notoriété publique-, Kamerhe avait accepté de taire ses ambitions politiques pour soutenir la candidature de Félix Tshisekedi, et ce dernier devait en retour soutenir celle de son partenaire à l’élection présentielle de 2023.
À l’UDPS, on estime que cette entente ne vaut désormais plus que la valeur du papier sur lequel elle a été signée. D’autant que Vital Kamerhe a été condamné et n’est plus éligible au regard de la loi fondamentale. Certains auraient bien apprécié qu’il reste en prison. Une source proche de la présidence a confié à Sputnik que certains caciques du pouvoir se sont vigoureusement opposés à la libération de Vital Kamerhe.
"Malgré la décision de la Cour, certaines personnes ne voulaient pas que Vital Kamerhe sorte de prison", a confié cette source avant d’ajouter que "madame Hamida Chatur [épouse Kamerhe, Malgré la décision de la Cour, certaines personnes ne voulaient pas que Vital Kamerhe sorte de prison", a confié cette source avant d’ajouter que "madame Hamida Chatur [épouse Kamerhe, ndlr] a dû jouer des coudes pour obtenir la libération de son mari.
En dépit de l’hostilité manifestée par son propre camp, Félix Tshisekedi se voit obligé de manœuvrer avec tact dans le dossier Vital Kamerhe. Alors que les relations avec l’Église catholique et certains de ses alliés au sein de l’Union sacrée (le cas d’Ensemble de l’opposant Moïse Katumbi) sont loin d’être au beau fixe, se mettre à dos définitivement l’ancien directeur de cabinet, qui a une base électorale non négligeable dans le Kivu, pourrait être suicidaire sur le plan politique, surtout que la prochaine élection présidentielle pointe déjà à l’horizon.
Si pour le moment la scène politique congolaise reste stable en dépit de la libération, fût-elle provisoire, de Vital Kamerhe, il faudrait probablement s’attendre à une réévaluation profonde des alliances et une réorganisation de l’échiquier à mesure que l’on se rapproche du scrutin de 2023.