"La doctrine de sécurité nationale russe permet d’utiliser des armes nucléaires tactiques"
Selon M.Azar, c’est la politique d’endiguement menée par l’Otan à l’égard de la Russie depuis la chute de l’Union soviétique jusqu’au début de l’opération spéciale russe en Ukraine qui est à l’origine de l’escalade militaire dans cette région du monde. Il explique que "la doctrine de sécurité nationale russe permet au Président d’utiliser des armes nucléaires tactiques en cas de danger existentiel sur l’État-nation russe, y compris dans le cadre d’un conflit conventionnel".
Et de préciser qu’"il s’agit bien d’armes nucléaires tactiques utilisant de l’uranium appauvri qui ont une très grande capacité de destruction, mais non stratégiques. Dans ces dernières, c’est plutôt de l’uranium enrichi qui est intégré".
Il ajoute qu’en "plus de leur capacité de destruction massive, les armes nucléaires stratégiques engendrent d’énormes déchets radioactifs solides et gazeux qui peuvent également occasionner d’énormes dégâts sur le territoire et l’armée russes, chose qui rend leur utilisation extrêmement improbable".
Le monde "de plain-pied dans une Troisième Guerre mondiale"?
Pour l’expert, le monde est déjà entré "de plain-pied dans une Troisième Guerre mondiale, mais avec des outils différents par rapport à ceux des deux premiers conflits mondiaux du début du XXe siècle".
À titre d’exemple, indique-t-il, "l’explosion provoquée sur le pont de Crimée a pris des dimensions mondiales, tout comme les salves de bombardements contre les villes ukrainiennes exécutées par les forces aérospatiales et la marine russes avec des missiles de croisières de haute précision (Kalibr, Iskander, Tornado…)".
"Transformer l’armée russe en une armée technologique"
Pour revenir à ce qu’il se passe sur le terrain, Pierre Azar estime que "ce que les médias et les experts occidentaux vendent comme des échecs cuisants de l’armée russe, la récupération par les Ukrainiens de quelques parcelles du territoire déjà occupé, est très loin de la réalité".
En effet, il rappelle que "dans le sillage des bombardements de plus de 70 jours de l’Otan sur la Serbie à la fin de la Guerre du Kosovo et les développements dramatiques qu’a connus la guerre en Tchétchénie, le Président Vladimir Poutine, dès son arrivée au pouvoir, a pris la décision de transformer l’armée russe en une armée technologique". Et de poursuivre que ce choix "a permis de maintenir l’influence russe dans son proche voisinage et en mer face à l’hégémonie américaine et de l’Otan".
Néanmoins, en dépit de son résultat éclatant sur les capacités de l’armée russe, la transformation technologique "a fait surgir également des inconvénients en matière de capacités combatives terrestres dans des conflits de haute intensité, comme celui qui se déroule actuellement en Ukraine. Les deux armées se ressemblent beaucoup et se connaissent parfaitement, du fait qu’elles ont fait partie de l’armée de l’Union soviétique", affirme l’expert.
Ce que les Occidentaux vendent comme une défaite de l’armée "n’est en réalité qu’une dynamique de restructuration et de redéploiement stratégique afin de pallier aux inconvénients parus dans les capacités combatives des forces terrestres. D’où le rôle d’ailleurs important que prennent les forces tchétchènes notamment dans les combats interurbains face aux guérillas", explique-t-il.
Ce que les Occidentaux vendent comme une défaite de l’armée "n’est en réalité qu’une dynamique de restructuration et de redéploiement stratégique afin de pallier aux inconvénients parus dans les capacités combatives des forces terrestres. D’où le rôle d’ailleurs important que prennent les forces tchétchènes notamment dans les combats interurbains face aux guérillas, explique-t-il.">
"La Russie a déjà gagné la guerre"?
Enfin, pour M.Azar, "en intégrant la mer d’Azov dans le territoire de la Fédération de Russie et en prenant le contrôle de la mer Noire, en attendant l’issue des combats dans la région d’Odessa, la Russie a stratégiquement déjà gagné la guerre face aux États-Unis, les Européens et l’Otan".
"Aucun pays occidental ni l’Otan n’osera s’attaquer à la Russie dans le cadre d’un conflit direct", conclut-il. L’expert souligne que "grâce à son potentiel militaire technologique, la Russie est également en mesure d’imposer son influence en mer Baltique, ce qui sonnera la fin de l’hégémonie occidentale et de l’Otan".